Une des performances phares du Village Horyou à Cannes, Gwen & Tiana sont un duo qui s’est formé naturellement. Ils sont souriants, optimistes et bourrés de talent et leur complicité vocale est aussi évidente sur scène que leur amitié l’est dans la vie.
Leur histoire commence lorsque Gwen Thomas décide de se lancer dans de nouveaux projets musicaux. Il entend alors parler du groupe que Tiana Ewana a formé avec ses soeurs. Se retrouvant sur les mêmes mouvances musicales, elle sur Lille et lui sur Lausanne, ils prennent contact et le courant passe. Ensuite, ils prennent le temps de mieux se connaître et, ce faisant, se rendent compte qu’ils ont une complicité vocale spéciale et ils décident d’en faire quelque chose. Gwen invite Tiana à Lausanne et le duo Gwen & Tiana naît. C’est un tandem vocal puissant et séduisant imprégné d’afro jazz. Ils se découvrent dans cette interview.
Par Amma Aburam
Pouvez vous vous présenter et nous dire comment vous en êtes venus à travailler ensemble ?
Gwen : Moi c’est Gwen Thomas. J’étais dans l’animation artistique, je faisais des albums et je chantais. En tant que chanteur, j’avais l’expérience de la scène ; j’ai aussi fait une école de Jazz et de musique actuelle à Montpellier et j’ai sillonné les rues de l’Europe avec le Gospel et la Soul. Je cherchais un groupe avec lequel travailler et puis j’ai entendu parler du groupe que Tiana avait formé avec ses sœurs. J’ai pris contact avec elle et le courant est bien passé. Quand on s’est rencontré je me suis dit : “mais c’est pas possible c’est mon miroir cette fille !” C’était plutôt drôle.
Tiana : On s’est rencontré grâce à un projet avec mes sœurs. Avant, je chantais surtout en France et en Belgique. Pareil que lui, beaucoup de Gospel. On était dans les mêmes réseaux, nous nous sommes rendu compte de points communs qui ont rendu évidente notre collaboration, et notre rencontre est tombée pile au moment ou je cherchais a quitter la France. Il m’a proposé de venir a Lausanne et j’ai dit : “écoute on y va !”
Comment votre album a commencé, quelle a été l’inspiration ou le message derrière ?
Tiana : L’album est en cours de préparation. Dans notre collaboration, on a commencé par créer une académie de chant qui s’appelle Vocal Académie. On s’est retrouvé à partager des projets sur scène et notre complicité vocale était évidente pour nous ainsi que pour l’audience qui demandait souvent si on avait un album. Nous nous sommes dit que ca serait bien de créer quelque chose de concret et on a commencé a bosser sur l’album en janvier 2015. Le producteur de notre album est Femi Temowo, guitariste de Amy Winehouse.
Gwen : On a fait beaucoup de choses avant, on a fait ce qu’on appelle les mercenaires, c’est a dire tu viens, tu fais ton job, ensuite on te paie et tu pars. Et on a fait les mercenaires dans plusieurs styles : gospel, soul, pop, reggae et puis on a tellement fait de choses qu’on s’est demandé où on allait avec tout ca. A partir de là, on a voulu repartir sur nos racines. Tiana est du Cameroun et Madagascar et moi du Gabon et Togo, nous racines sont donc l’Afrique. On veut utiliser nos musiques, nos rythmes et mélanger ça avec nos influences vocales. Enfin créer, ce qu’on appelle l’Afro Soul avec ces sons différents ; c’est de l’Afro Soul avec une teinte de Jazz.
Et vos influences? Artistes préférés ?
Tiana : On ne fait pas exprès mais on aime les mêmes artistes ! Richard Bona, bassiste Camerounais qui chante dans un dialecte du Cameroun et qui nous influence pas mal par rapport au son. Stevie Wonder, surtout au niveau du chant, de la soul et du message d’amour. Esperanza Spalding qui fait de l’afro latino jazz. Des artistes Africains tel que Angélique Kidjo, Miriam Makeba… au delà des artistes on aime leurs histoires ; si on a un rêve, c’est d’avoir des carrières à l’image de ces artistes.
Quel est pour vous l’impact positif de la musique et quel est le message que vous voulez faire passer dans votre travail ?
Gwen : Le thème qu’on aime aborder c’est l’amour mais pas l’amour éphémère dans le style je suis tombée amoureux et basta. C’est l’amour audacieux. Les thèmes de la confiance en soi, l’estime de soi sont aussi importants.
Tiana : On est passionnés par ce qu’on fait, on est investi et généreux et on ne fait pas ca pour l’argent même si l’argent est une nécessité. On essaye de transmettre cet amour et cette passion dans notre travail. Ce qui est intéressant c’est qu’on est un duo Fille/Garçon donc on est très différents. On apprend à jouer avec cette différence et à se compléter, à nous servir de nos forces pour avancer ensemble. On a une forte notion de partage, notre solidarité est complémentaire.
Où vous voyez vous dans 5/10 ans ?
Gwen : On se voit partout. Etre emmené vers l’avant, grandir ce son Afro que je pense est encore frais. Beaucoup de gens n’ont pas encore vu ce qu’on peut faire. On veut amener quelque chose de nouveau et de frais musicalement.
Tiana : En Asie, en Amérique du Sud, en Europe, partout en effet. On se voit faire des tournées, rencontrer des cultures, des artistes, découvrir d’autres styles musicaux et des influences diverses. Cela prend du temps car nous sommes toujours en quête du son que nous voulons donner. Notre lieu de rêve pour une performance c’est le Royal Albert Hall ; c’est mythique cet endroit.
Que signifie pour vous, le fait de rêver, inspirer et agir ?
Tiana : On rêve de faire une carrière longue, riche et complètement diverse et épanouie, professionnellement et personnellement. On voudrait inspirer la complicité, le partage et la complémentarité et puis surtout montrer qu’il faut oser rêver.
Gwen : Oui! Il faut oser rêver. Il y a tellement de gens qui ont peur de rêver ou d’oser rêver et se retrouvent parfois sans objectif. On veut vraiment que les gens aient aussi le pouvoir de cultiver leurs rêves. On est loin de ce qu’on rêve dans l’absolu mais aujourd’hui fait partie du rêve et il se réalise petit à petit.
Tiana : Exact, c’est un chemin qu’on construit tous les jours, avec chaque pas, chaque instant tout en continuant à viser les étoiles. Agir c’est ce qu’on fait toujours et tout les deux on a des parcours très différents par rapport à la musique. Gwen lui a osé quitter des études qui ne lui plaisaient pas pour poursuivre la musique à 100% et moi j’ai continué des études qui ne me plaisaient pas en me disant que je pouvais en tirer quelque chose pour ce que je voulais vraiment faire plus tard. Ça a marché et nous sommes ici aujourd’hui grâce à ces deux chemins. Nous avons créé Vocal Académie à Lausanne car ça fait partie des choses qu’on aime faire et donner. On s’est dit que même lorsqu’on aura une activité de scène intense on aimerait arriver à libérer des moments pour faire des stages, des formations car on aime faire ça.
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